
Tes yeux sont si profonds

Tout un espoir brisé, une vie, un rêve.
Mon ami est mort.
Le parasite de la peine me rongeait de l’intérieur.
Des larmes versées, des prières, en vain. Il ne reviendra pas.
Il a suffi d’une photo en première page d’un journal, et tout s’est effondré.
Il m’écrivait ses rêves, ses illusions.
Je lui contais mes joies et mes peines.
Par lui, pour lui, je vivais.
Il était mon avenir.
Il est encore si proche.
Je lui dédie notre histoire.
Je n’avais que quinze ans.
Le mois de mai touche à sa fin.
Le week-end s’annonce gris et morose.
Un de ces week-ends semblables aux autres.
Où rien ne viendra colorer l’ennui.
Pendant longtemps, je n’ai pas aimé les week-ends.
Samedi, dimanche, alcool, cris, insultes.
Mon refuge, ma chambre. Mes rêves de prince charmant.
L’espérance d’un tendre soleil qui mettrait fin à cette solitude.
Elle n’est pas pressée de retrouver ses frères et sœurs en ce samedi.
Après le repas, comme chaque semaine, ce sera corvée de ménage.
Vaisselle, balai, serpillère, poussière, cirage.
Mais ce samedi là, fut bien différent de tous les autres.
Un courrier, une invitation.
La communion solennelle de ses cousins était prévue dans une semaine.
Les sept prochains jours s’annonçaient frénétiques. Entre les achats de cadeaux et de vêtements, voilà qui allait pimentait un peu le quotidien.
Souvent dans le secret de l’ombre et du silence,
Du gazon d’un cercueil, la prière s’élance
Et trouve l’espérance à côté de la mort Le pied sur une tombe où tient mains à la terre
L’horizon plus vaste, et l’âme plus légère
Monte au ciel avec moins d’effort.
A. de LAMARTINE
