Les sentinelles
Il fut un temps où l’on envoyait des satellites qui permettaient les communications.
De plus en plus de satellites. On installait des antennes relais, on jouait avec l’ionosphère, on désirait maitriser la météo, on influençait toute une population grâce aux ondes électromagnétiques.
Les gens avaient perdu la foi.
Ils ne priaient plus, ils ne chantaient plus. Les ondes alpha disparaissaient.
C’est ainsi que la terre se mit en dormance, saturée de fréquences électromagnétiques, qu’elle ne pouvait plus contenir.
Cela se fit insidieusement, quelques-uns percevaient le changement de la résonnance, ils alertaient.
On les prenait pour des illuminés. Jusqu’au jour où tout devint silence.
Le lendemain d’une terrible apocalypse.
Il ne restait que très peu de vie sur la planète.
La fréquence vibratoire de la terre s’éleva alors de façon exponentielle.
Et la terre poussa un dernier cri.
Chapitre 1
Zapkor hissa la corbeille sur le dos du mulet. La récolte était bonne.
– Les champs deviennent plus fertiles.
Son père avait raison. Plié sous le poids de l’âge et des rhumatismes, Anton laissait à son jeune fils la charge agricole et lui procurait une multitude de conseils.
Zapkor regarda au loin. Le ciel s’obscurcissait, il devait se hâter de rentrer avant la pluie.
Il ne put s’empêcher de jeter un œil vers la clôture. La cadence des pas des Sentinelles s’intensifiait.
Le jeune fermier n’avait aperçu l’un d’entre eux qu’une seule fois. Mais cette image effroyable était encore bien gravée dans sa mémoire.
Il frissonna à ce souvenir.
– Père tu avais raison. Regarde cette récolte ! Nous pourrons nourrir notre clan durant plusieurs jours !
– Je suis fier de toi mon garçon, répondit Anton en le prenant par les épaules.
Une silhouette se dessina dans l’ombre de la cuisine.
– Je te présente Malak, continua le vieil homme.
Zapkor observa l’étranger. Il n’était pas de l’enclos et n’arborait aucun signe des 7 clans.
Vêtu d’un uniforme aux tons kakis, une panoplie d’armes diverses s’étalaient le long de ses quatre membres.
– Bonjour Zapkor ! La voix du visiteur était grave et posée. Je vous remercie toi et ton père de votre hospitalité. Ce n’est pas toujours le cas dans les différents enclos.
– Différents enclos ? Le jeune homme adressa un regard inquisiteur à Anton.
– Oui, mon fils, d’autres enclos existent ! Je m’en doutais ! On me prenait pour un fou lorsque je le disais ! Malak en a visitait plus d’une vingtaine.
Zapkor allait répondre lorsque sa phrase fut couverte par le son d’une cloche.
C’était l’heure du mantra om.
Le père et le fils s’agenouillèrent.
Les voix des 7 clans s’élevèrent à l’unisson.
L’étranger les observait. Il ne jugeait pas.
Il connaissait la règle. Si un seul membre de l’enclos ne participait pas au chant harmonique, on le retrouvait mort le lendemain.
Personne ne savait de quelle façon cette mort survenait.
Malak, lui, le savait. Mais comment le prouver et délivrer les enclos ?
Il était las de cette errance depuis de très longues années.
De ses combats solitaires.
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