La maison au bout de la rue

– Bonjour Maman ! Tu es bien matinale pour un dimanche !
– Bonjour ma chérie ! Je voulais savoir comment se passe ton installation dans la maison de mamie.
– Ben pour l’instant, je suis en période pharaonique genre tout-en-carton. Je ne sais pas si une semaine sera suffisante pour en venir à bout. Et toi ? L’Europe se porte bien ? Vous êtes dans quel pays papa et toi en ce moment ?
– Nous venons de traverser l’Italie et nous allons visiter la Suisse. Je t’enverrais sur FB quelques photos.
– D’accord. Je te laisse, je vais profiter du soleil et faire un tour au marché.
– Bonne journée ma Chérie. Ton père t’embrasse aussi.
Elle raccrocha rapidement.
Depuis six mois, ses parents voyageaient en camping-car à travers l’Europe.
Ils avaient économisé toute leur vie afin de réaliser leur rêve une fois à la retraite.
Elle ne condamnait pas leur choix de vie. Mais elle leur tenait rigueur de cette absence, et de l’avoir laissé gérer seule les obsèques de sa grand-mère maternelle.
Elle leur en voulait de ne pas avoir été là pour la soutenir, ni même lors des funérailles.
Sa grand-mère lui avait légué la vaste demeure familiale dans un quartier résidentiel de Brest.
Après de longues discussions avec sa conscience, son cœur et sa raison, elle décida de s’y installer.
Elle quitta Paris et ses amis, la grisaille et les métros bondés sans remords.
– A coups d’avion, en deux heures tu peux venir à nos soirées de trentenaires !
Béa, sa collègue, l’avait prise dans ses bras, larme à l’œil.
– Je te souhaite d’être heureuse chez les marins.
Alors qu’elle se dirigeait vers la place du marché, elle admira les différentes maisons qui longeaient la rue.
Elle se souvenait de chacune d’elles. Elle s’arrêta devant la dernière bâtisse, un sentiment étrange l’étreignit.
La façade semblait être repeinte depuis peu et le jardin parfaitement entretenu faisait ressortir la beauté de cette demeure particulière.
De larges colonnes soutenaient une terrasse sur laquelle trônait une magnifique fontaine.
