L'envers du temps

Ce n’était pas tout à fait un homme.
Cheveux longs, une barbe touffue, une chevelure épaisse, tout était blanc, immaculé.
Sa tunique ample flottait doucement, presque en lévitation, lui conférant une douceur et une puissance mystérieuses à la fois.
L’être irradiait d’une lumière intense, une lumière qui semblait émaner de son corps, comme si sa simple présence illuminait l’obscurité ambiante.
Malgré sa corpulence massive, il paraissait presque translucide, fragile et éternel à la fois.

       – Seigneur, commença Gabriel d’une voix empreinte de respect, je viens vous faire part d’un message de Bouddha.

L’être leva lentement la tête, ses yeux d’un blanc lumineux se fixant sur Gabriel.

       – Je t’écoute, répondit-il d’une voix douce, profonde, à la fois apaisante et puissante, comme un écho venu de l’éternité.

Gabriel prit une inspiration, puis poursuivit :

       – Bouddha ne semble plus tout à fait d’accord sur notre plan. Il pense que les hommes ne pourraient survivre à l’expérience. L’humanité tout entière, la nature, la vie elle-même, ne survivraient pas à un tel chamboulement. Selon lui, chacun verrait son karma déstabilisé, selon ses propres termes. Il craint que les conséquences ne soient irréversibles, que le chaos ne s’abatte sans fin sur la création.

L’être médite un instant, puis répondit d’une voix calme mais ferme :

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phoenix

       – Peut-être a-t-il raison en quelque sorte. Mais cela est nécessaire. Tu dois comprendre, Gabriel, que le changement radical, aussi douloureux soit-il, peut parfois ouvrir la voie à une renaissance. Cela fait des siècles que cette fatalité est connue dans les cieux. Nous avions élaboré un plan, un dernier espoir pour sauver notre création, « Ma Création ». Nous avons prévu le moment précis pour l’exécuter, pour que tout soit en harmonie avec le destin que nous avons tracé.

Le regard de l’être se fit plus intense, comme s’il scrutait l’horizon de tous les possibles. Puis, d’un ton autoritaire mais empreint de compassion :

       – Appelle le phœnix. Qu’il aille à la rencontre de chaque divinité. Nous devons décider ensemble, unis, pour ne rien laisser au hasard. Regarde, Gabriel !

Un écran immense, comme une voile translucide, s’étira sur toute la surface du mur derrière l’archange.
La scène qui s’y déploya était à la fois terrifiante et sinistre.
      – Regarde ! Les hommes s’entretuent, leurs violences, leurs douleurs, leurs souffrances. Certains meurent de faim, de maladie, ou dans des guerres sans fin. D’autres s’évadent dans l’absurde, cherchant à fuir leur propre existence. Certaines divinités pensent que sauver une espèce où la haine, la violence sont omniprésentes depuis l’aube des temps, est inutile. Pourquoi tout anéantir et recommencer à zéro ? Pourquoi ne pas créer une espèce différente, une nouvelle humanité, dépourvue de ces fléaux ?

Gabriel sentit son cœur se serrer. La tentation de la résignation, de la peur, lui envahit brièvement l’esprit. Mais l’être devant lui, lumineux et imperturbable, lui montra une autre vision.

L’écran, soudain, diffusa une nouvelle vidéo. Des paysages d’une beauté infinie, des constructions humaines ou divines, témoignages vibrants de vie et de créativité. Des rires, des larmes, des moments d’amour et de compassion. La voix de l’être résonna dans le silence :

        – Écoute ces rires, vois leur amour, leur solidarité. J’ai espoir en eux. Je crois en leur capacité à s’élever, à transcender leur propre ignorance. Nous devons les sauver de leur propre naufrage. Nous sommes responsables de ce monde, de cette humanité. Notre rôle n’est pas de les condamner, mais de leur offrir une chance de renaître, de se racheter.

Il se tut un instant, puis reprit sa méditation, comme si la décision ultime venait d’être prise. Gabriel, quitta la pièce sans un bruit, laissant derrière lui cette vision à la fois terrible et pleine d’espoir.

Dans douze jours, les humains auront-ils le choix de leur destin, comme ils se plaisent à le croire  ?
Sauront-ils faire face à cette épreuve ultime, ou seront-ils balayés par leur propre folie ?
La réponse restait suspendue dans l’éternité, attendant le jour où tout basculerait.

L’avenir se dessinait à l’horizon, fragile comme une flamme au vent, et l’attente du verdict divin pesait lourdement sur le cœur de l’archange.

Les visuels de cette page ont été créés avec l'Intelligence Artificielle.

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